Impressions
Le soleil se lève toujours à l’est, mais à midi il passe
au nord ! Nous sommes dans l’hémisphère sud et tout est inversé.
L’eau coule à l’envers dans l’évier et, la nuit, c’est la Croix
du Sud qui nous guide et non plus l’Etoile Polaire.
Contraste entre le nord-est à majorité noire et le sud-ouest à
majorité blanche, entre la brousse africaine et Capetown dans un paysage
très occidental verdoyant et émaillé de couleurs vives.
La richesse de la flore est extraordinaire.
Nelson Mandela : tout un symbole pour l’Afrique du Sud, mais il a déjà
annoncé qu’il ne se représenterait pas aux prochaines élections
et prépare l’avenir en confiant de plus en plus de responsabilités
à son premier ministre, Thabo Mbeki.
Un système de quotas a été instauré à tous
les niveaux pour que les noirs soient représentés au prorata de
leur population. Malheureusement très peu ont eu accès à
l’éducation et la majorité a le niveau école primaire :
difficile d’en faire des cadres instantanément. L’Afrique du Sud est
ainsi écartelée entre sa volonté d’effacer le déséquilibre
entre blancs et noirs et la nécessité de former. Le niveau de
formation a ainsi tendance à baisser.
A l’entrée de Capetown, les
bidonvilles s’étendent sur 10 km. Certes ces gens ont un toit, quelquefois
même l’éclairage public et l’électricité sous forme
de jetons pour éviter les impayés. Le gouvernement a également
lancé une grande campagne pour inciter les gens à payer leur loyer.
En effet pendant l’apartheid, l’ANC a poussé les gens à faire
la grève des loyers : habitude difficile à changer.
Au cœur de l’Afrique du Sud, un état à part : le royaume du Swaziland
avec sa monnaie, sa police... et son roi dont personne ne sait combien il a
de femmes, entre 3 et 9 aux dernières nouvelles. La polygamie est en
effet encore présente dans cette région, même si elle est
rare, car elle coûte cher. Une femme vaut 11 vaches.
Contraste des paysages : façon Grand Canyon pour la Blyde River. Des
paysages étonnants, sculptés par l’eau comme les marmites du diable,
ou majestueux comme la fenêtre de Dieu dominant toute la plaine du Bas
Veld. Un petit air de Hollande pour les maisons blanches de style Cape Dutch
plantées au milieu des vignes dans un paysage de montagnes, où
les noms résonnent français. Ici on fête le 14 juillet,
mais on parle afrikaans ou anglais. Les Huguenots, réfugiés en
Hollande après la révocation de l’Edit de Nantes et venus s’installer
ici, ont dû abandonner leur langue en contrepartie. La péninsule
du Cap aux côtes battues par les rouleaux de l’Atlantique d’un côté,
de l’Océan Indien de l’autre, dont la pointe constitue le parc naturel
de Bonne Espérance, une lande recouverte de centaines d’espèces
de fynbos, dont la plus connue est le protéa royal : fleur symbole de
l’Afrique du Sud. Le parc compte
aussi des élands du Cap, des zèbres, toutes sortes d’oiseaux.
Des vols d’albatros au large de Cape Point qui marque en fait le point le plus
méridional de la côte ouest de l’Afrique, le plus au sud du continent
étant le Cap Aguilas, 300 km plus à l’est. La banquise est à
3 000 km, le pôle sud à 6.000 km.
Richesse des maisons, équipées d’ascenseurs, qui bordent les plages
de Capetown où Sunset Beach est le rendez-vous des joggeurs et des amateurs
de couchers de soleil. A partir de 5 h du soir le centre ville est un désert,
personne n’y habitant. Un centre commercial avec restaurants a été
créé pour mettre de l’animation, c’est le Waterfront. Le succès
est total ; rien d’étonnant à vrai dire puisque c’est le seul
endroit pour sortir.
Dans les prés autour de Capetown, les autruches voisinent avec les vaches
et les moutons. Dans l’est, le vert tendre des champs de canne à sucre,
les manguiers, bananiers, avocatiers, les champs d’ananas ou de pamplemousses
s’étendent à perte de vue sur les collines.
La Montagne
de la Table (Table Mountain) dont la silhouette imposante a dû impressionner
plus d’un marin, à moins qu’elle ne soit noyée dans les nuages.
Au sommet nous sommes accueillis par des damans qui se chauffent au soleil sur
les rochers, ces drôles de marmottes aux oreilles rondes, au petit nez
retroussé et aux yeux perçants.
A Houtbay une colonie d’otaries a élu domicile sur des rochers en cercle,
tandis qu’on aperçoit au loin l’aileron d’une baleine.
Environ 80 millions d’habitants, noirs, blancs et métis (coloured). Les
Khoï-khoï et les Khoï-san, les bushmen premiers habitants de
l’Afrique du Sud ont été décimés par les blancs
à leur arrivée. Les noirs, tous d’origine bantoue, se divisent
en deux branches : les Nguni et les Sotho qui se subdivisent en Zoulou... Descendus
du nord de l’Afrique et installés dans l’Eastern Transvaal, le Natal...
ce qui explique la différence de proportion noirs/blancs entre la province
du Cap et le nord-est. Sur la côte de l’Océan Indien, à
Durban notamment, beaucoup de Malais, d’Indiens.
Peugeot a ouvert il y a peu une concession à Capetown, de même
que Renault dont la vitrine est vide. Les voitures allemandes et japonaises
se partagent le marché.
Une médecine
de pointe : c’est à Capetown que le Pr. Barnard a effectué la
première transplantation cardiaque. On oblige les internes à effectuer
deux ans dans l’est, parce que personne ne veut y aller. Pas de sécurité
sociale, d’assurance chômage, d’indemnité pour congé de
maternité, de retraite : tout est privé et cher. On est loin de
l’état providence.
Bibliographie :
- André Brink, Une saison blanche et sèche
- Nelson Mandela, Long walk to freedom